Il existe plusieurs caractérisations erronées sur la ville de Montréal en tant que marché pour la Ligue majeure de baseball. Parmi les fausses interprétations qu’ont été attribuées à la ville la plus culturelle et attrayante du Canada, on dit que qu’elle n’a pas le baseball ancré dans ses racines et qu’il n’y a pas assez de fans pour le soutenir. Après tout, le souvenir qui persiste à la mémoire des fans de baseball et des médias américains mal informés, c’est celui d’un stade vide lors des matchs à domicile.

Le problème, c’est que ça n’a pas toujours été ainsi. Le problème, c’est que les gens ne voient pas les facteurs collectifs qui ont mené à cette diminution de fans. Rappelez-vous d’Atlanta et de Cleveland dans les années 80. Rappelez-vous que, là aussi, il n’y avait que 2 000 fans par match à domicile. Il faut tenir compte de quelques faits relatifs à la ville de Montréal et de tous les facteurs qui ont contribué au désintérêt progressif des fans.

Faits relatifs à la ville de Montréal

– Avant que Jackie Robinson ait entendu parler de Montréal, et bien avant qu’il joue pour les Royals de Montréal en 1946, la ville possédait le plus grand parc de baseball mineur en Amérique du Nord. Les Royals de Montréal ont attiré des foules de 20 000 personnes qui venaient voir du baseball de niveau AAA avant même qu’on n’ait entendu parler de Jackie Robinson

-Babe Ruth a, en fait, joué des parties hors concours à Montréal

– Les Highlanders de New York (avant qu’ils deviennent les Yankees) possédaient une partie des Royals de Montréal

– Au début des années 80, Montréal était une des équipes de la ligue nationale qui accueillait la plus grande foule

– En 1993 et 1994, lorsque l’équipe battait leur plein, Montréal attirait des foules d’au-delà de 30 000 fans et parfois même 40 000 fans

Les vraies raisons pour lesquels les fans ont cessé d’assister aux matchs des Expos

– Dans un pays où c’est l’hiver 6 mois par année, les fans ne veulent pas passer de temps à l’intérieur pendant l’été, ni de se rendre dans un secteur indésirable de la ville qui ne possède ni vie nocturne ni divertissement. Il s’agit d’une raison majeure pour laquelle les fans ont commencé à délaisser les matchs des Expos dans l’est de la ville

– En 1991, un morceau de ciment du Stade Olympique tombe, obligeant les Expos à jouer le reste des matchs de la saison à l’étranger. Cet événement a fait peur à une petite portion de fans

– En 1994, la grève fait en sorte que la saison est annulée. Les Expos avaient alors le meilleur classement à ce moment-là. Par la suite, les propriétaires locaux décident qu’ils n’ont pas les moyens de payer leurs plus gros joueurs et n’ont pas ramené leur frappeur-clé, leur joueur du champ centre, leur premier lanceur partant et leur lanceur de relève. On dit qu’entre 15 à 25 % des partisans ne sont pas revenus

– À la suite de l’année 1996, on conclut que Moises Alou coûte trop cher et on le renvoie. D’autres fans ont cessé de venir

– Après que Pedro Martinez ait gagné le trophée Cy Young en 1997, le premier des Expos à gagner un tel prix, les Expos le renvoie. Beaucoup de fans les plus mordus se sentent désabusés et se rendent à l’évidence

– À la fin des années 90, des tentatives sont faites pour construire un nouveau stade avec l’aide de tous les paliers gouvernementaux. Au cours de la campagne, l’équipe disait aux médias que le Stade Olympique n’est plus viable. Les fans comprennent le message et cessent de se présenter aux matchs. Le projet du nouveau stade ne s’est jamais concrétisé

– À la saison de l’année 2000, le nouveau propriétaire, Jeffrey Loria, n’aime pas les droits sur les médias et retire les Expos de la radio anglophone. Dave Van Horne termine son mandat avec l’équipe en radiodiffusion à la radio internet seulement, ce qui repousse encore plus de fans

– La ligue majeure achète l’équipe et tente de négocier un contrat avec eux, avant de finir par les gérer pour les trois dernières années. Sachant que la fin approche, les fans trouvaient trop difficile d’assister aux matchs et ne voyait pas l’utilité de soutenir l’équipe

– En 2003, les Expos tentent leur chance, tant bien que mal, pour une position de « wild card » et la Ligue majeure de baseball ne leur permet pas d’ajouter des joueurs en septembre, tout cela combiné au fait que l’équipe a joué des matchs à domicile au Puerto Rico. En 2004, à la saison finale, les fans des Expos en ont ras le bol.

Dans ces mêmes circonstances, n’importe quel autre marché petit ou moyen de la Ligue majeure de baseball ne réussirait pas à garder une équipe. En ayant une équipe qui joue dans de conditions raisonnables et un nouveau stade situé au Centre ville, Montréal est sans aucun doute une ville de la Ligue majeure de baseball. Point final.