Par Denis Lagacé

Depuis environ un mois les 30 équipes des LMB se préparent pour la saison et nous nous approchons du rendez-vous annuel des passionnés du baseball à Montréal.  Une fin de semaine spéciale pour les ceux qui espèrent le retour des Expos, les amateurs de baseball de Montréal, les partisans des Blue Jays et des Red Sox.  Le bénéfice économique de recevoir ces matchs pour Montréal reste encore à être calculé, mais nous pouvons penser que les 106,000 amateurs (en date du 23 mars) qui seront aux matchs dépensent entre $50 et $2000 en plus de leurs dépenses de voyages et d’hébergement.  Cette entrée d’argent dans les commerces de la Métropole est certainement grandement appréciée compte tenu du temps de l’année qui est habituellement très calme.

Pedro Martinez Pitching as a member of Montreal Expos

Comme je l’ai mentionné dans un article précédent, les Red Sox profitent du voyage unique à Montréal afin de vendre des forfaits spéciaux pour leurs partisans.  Il faudra donc s’attendre à beaucoup de partisans qui vont porter une différente teinte de bleu et rouge au Stade Olympique.  Il ne faut pas oublier que les provinces maritimes sont un territoire partagé entre les Red Sox et les Jays.  Mais quelle est cette fascination pour les Red Sox?  Est-ce la première fois que ces derniers jouent à Montréal?  Non.  Les Sox sont venus à Montréal pour 3 autres séries interligues alors que Nos Amours étaient encore les résidents permanant du Stade.  À vrai dire, possiblement que l’équipe de Boston aimerait complètement oublier sa fiche à Montréal.

En 1997, lors de la première année des matchs interligues les Expos avaient balayé la série de 3 matchs au Stade.  Les Sox avaient été balayés encore une fois lors d’une série de 3 matchs en 1999.  En plus de croiser le marbre 26 fois dans la série, les Expos malmènent ce futur gagnant du prix Cy Young pour la Ligue Américaine en 1999.  Ce Dominicain termine finalement sa saison avec 23 victoires et seulement 4 défaites.  Son nom? Pedro Martinez.

Lors que la dernière visite à Montréal, en 2001, les Sox remportent finalement 2 des 3 matchs dans la série s’inclinant seulement dans le dernier match.  Au cumulatif, seulement 2 victoires et 7 défaites pour l’équipe de Boston alors qu’ils étaient les visiteurs au Stade Olympique.

Pedro Martinez Hall of Fame Credit: Gregory Fisher USA Today Sports

Comme les Montréalais sont accoutumés de vivre depuis les deux dernières années, les partisans des Blue Jays s’amèneront dans la ville aux cents clochers pour une fin de semaine qui laissera place à autre chose que le vice.

On pourrait penser que l’histoire entre les Jays et le Stade Olympique s’est majoritairement déroulée entre 1997 et 2004 alors que les deux équipes s’affrontaient lors des matchs interligues, ce qui est partiellement faux.  L’histoire remonte à 1978, moment ou les Expos ont soulevé la Coupe Pearson, emblème de la suprématie du baseball professionnel au Canada.  Suivant l’arrivée des Blue Jays en 1978, cette compétition amicale entre les deux équipes professionnelles avait pour but d’amasser des fonds pour le baseball mineur au Canada.  Les Jays jouent pour jouent pour une fiche tout juste au dessus la barre des .500 au Stade.  Avec 13 victoires en 25 matchs, cette fiche un peu plus reluisante grâce aux 3 victoires en 4 matchs lors des deux séries de matchs pré-saison.

L’historique entre ces trois villes dépasse la langue ou la culture qui la fait vibrer.  Mais elle se rejoint avec les sports.  Nous avons tous entendu parler des mauvaises histoires à propos des situations en dehors de l’arène, la tension est toujours palpable.

Mais qu’est-ce qui fait que c’est si spécial entre ces trois villes?  Selon moi, cette rivalité se repose sur des bases solides historiques et la réflexion de soi-même.

Les ligues professionnelles peuvent essayer d’inventer ou de pousser des rivalités à leurs partisans, mais si cette rivalité n’est pas naturelle et basée sur quelque chose de solide et d’historique, cette rivalité sera très faible.  Nous le savons qu’une rivalité inventée est essentiellement une façon facile de faire de l’argent, mais l’argent ne peut pas inventer le passé.

Nous avons décidé moi et ma fiancée de ne pas se faire de cadeaux pour Noel cette année et de se payer un voyage à Boston afin d’assister à la Classique Hivernale.  Moi, étant un partisan des Canadiens, et elle, une partisane des Patriots, avons considéré cette chance comme unique d’assister à un tel match.  Le jour du match nous avons décidé de déjeuner dans un endroit tout près de notre hôtel moi qui avait peur de me faire sauter dessus puisque je portais mon chandail des Canadiens.  Après avoir entré dans un petit Bruegger’s sur la rue School dans le quartier financier de Boston notre serveur nous répond en français suivant notre commande.  Il avait remarqué que moi et ma fiancée on discutait, comme on fait toujours, en disant quelques phrases en anglais et quelques phrases en français.  Après une courte discussion avec lui, en français, nous nous asseyons pour déguster notre bagel style déjeuner.  C’est alors que des hommes de construction qui étaient assis tout juste à côté de nous demandent d’où nous sommes exactement au Canada.   Après une courte discussion, un mentionne que le garçon de son ami joue présentement avec les Wildcats de Moncton dans la LHJMQ.  Après avoir avalé notre déjeuner on se dit au revoir et on se dirige vers notre navette pour Gillette Stadium.  EN marchant vers l’autobus, j’ai un drôle de sentiment.  Cette discussion qu’on vient d’avoir avec des partisans de Bruins était tellement…normale.

Le matin suivant on décide de retourner au même endroit avant de prendre le train pour revenir au Nouveau-Brunswick.  Malheureusement, le petit monsieur n’y était pas et cette fois, c’est une dame, dans la fin trentaine, qui nous a servi.  Après notre commande elle me regarde et me pose la question si mon chapeau était une farce.  Je portais alors une tuque des Canadiens de la Classique Hivernale.  Je lui mentionne simplement que non.  Elle réplique en disant que je n’aurais surement pas fait long feu au Boston Garden.  En ce moment là, j’ai réalisé que les partisans de Boston sont comme ceux de Toronto ou Baltimore, ils aiment simplement leurs équipes sportives.  Mais la tension monte lorsqu’ils ont le sentiment que tu aimes tes équipes plus qu’ils aiment les leurs.  Ils sont passionnés autant que nous et ce peu importe le sport.

Depuis la naissance de l’idée du retour des Expos la majorité des experts dans le baseball parlent que cette équipe devrait être dans la Ligue américaine et possiblement dans la même division que les Yankees, les Red Sox et les Blue Jays.  Non seulement parce que ces villes sont les plus près géographiquement de Montréal mais en raison de la rivalité existante avec ces villes.  Pourquoi donc pas en profiter?

Soyons honnêtes, est-ce qu’il y a vraiment une histoire entre Montréal et des villes comme Atlanta, Cincinnati ou Philadelphie?

On s’attend à quoi le 1 et 2 avril prochain?  Quelque chose qui sera essentiellement normal au retour de nos Expos.  Des autobus de partisans des équipes qui rendront visite à Nos Amours.  Mais présentement, il faut toujours avoir, en toile de fond, l’idée que Montréal à tout a gagné d’une fin de semaine comme celle-ci.  Avec les hauts-dirigeants des Red Sox en ville ça serait un bon coup de faire vivre une expérience inoubliable à une équipe qui, on le sait, a un voix très forte au niveau de la LBM.

Soyons accueillants mes amis Montréalais!

Denis Lagacé est un fan de longue date des Expos et un collaborateur invité. Si vous faites de la rédaction bilingue et désirez aussi collaborer, écrivez-nous à info@exposnation.com